Être propriétaire semble être le Saint Graal pour les Belges, qui souhaitent souvent le devenir le plus vite possible, parfois sans même passer par la case location. Cet engouement pour la brique se justifie-t-il vraiment? Pourquoi devenir propriétaire? Voici les quatre raisons principales.
1. Des taux d’intérêt bas
Malgré les hausses de taux successives en 2022 et 2023, après des années de taux plancher, acheter son logement reste bon marché. Les taux d’intérêt relativement bas ont tendance à inciter les ménages à acheter un premier bien ou à investir dans l’immobilier. La moyenne pour le 20 ans fixe (quotité jusqu'à 80%) s’élevait à 3,43% en mars 2024, selon Immotheker Finotheker, site spécialisé dans la comparaison des taux hypothécaires.
Comment acheter son bien immobilier en 7 étapes
Vous souhaitez acheter votre logement, mais cela vous semble compliqué. Par où commencer? Qui contacter?
"Les taux bas de 2019-2020 et 2021 ont permis à plus de monde d’accéder à la propriété. Certains ménages qui n’auraient pas pu emprunter il y a encore quelques années ont finalement pu le faire grâce aux taux bas", explique Julien Manceaux, économiste chez ING. "Il n’y a pas urgence à acheter un bien, mais dans le cycle de vie, il vaut mieux le faire le plus vite possible."
Pour Corentin Minne,planificateur financier chez Pareto,
il est évident que
l’immobilier reste le premier investissement à effectuer dans une vie: "L’équation est simple:
il vaut mieux payer 3% d’intérêts pour votre emprunt à votre banquier afin de devenir propriétaire que 4% de rendement brut
en moyenne en tant que locataire à votre propriétaire." Il conseille de profiter des
taux bas et de la
fiscalité très
avantageuse pour les primo-acquéreurs.?" Les Régions mettent en place des incitants pour pousser les gens à avoir au moins une propriété."
2. Des prix de l’immobilier en hausse
Même si le marché immobilier était plus accessible dans les années 1990, les revenus ont, entre-temps, plus vite augmenté que les prix de l’immobilier,
"ce qui permet d’emprunter plus qu’auparavant. Ceci nourrit également la hausse des prix", relève Julien Manceaux,
qui pointe le fait que l’achat d’un premier bien est souvent un achat à long terme et donc "du moment où vous restez dans votre bien 10 ou 15 ans,
la conjoncture a peu d’importance".
Le contexte économique, même s’il est favorable, n’influence pas trop l’achat d’un bien
s’il s’agit d’une habitation dans laquelle vous comptez rester au moins cinq ans, "soit le temps minimum pour rembourser
les frais de transaction, qui sont souvent un frein au déménagement en Belgique, tellement ils sont élevés", pointe Julien Manceaux.
"Il ne faut pas se précipiter et revendre votre
bien au bout de 4 ans. La plus-value sera
moindre et les frais ne seront pas amortis en
si peu de temps."
La hausse continue des prix de l’immobilier permettra aussi d’obtenir
une plus-value dans le temps.
"L’immobilier reste une bonne affaire vu que les prix augmentent constamment", relève Corentin Minne, qui rappelle qu’il est toujours possible aussi de mettre plus tard son bien en location. "Mais il ne faut pas se précipiter et revendre votre toit au bout de 4 ans. La plus-value sera moindre et les frais ne seront pas amortis en si peu de temps", conseille Quentin Vandenhaute, associé chez Maxel, bureau de conseil dans l’assurance et la finance.
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3. Une pension plus confortable
Le fait d’être propriétaire ou non de son logement peut
faire la différence une fois qu'on est pensionné. Deux chercheurs anversois, Ive Marx et Sarah Kuypers, ont mené une étude à ce sujet en 2018. Ils ont combiné les données sur le patrimoine (revenus et immobilier) aux données sur la pauvreté. Leur étude conclut que, malgré les maigres pensions en Belgique, de nombreux retraités échappent à la pauvreté grâce à leur patrimoine, qui prend souvent la forme d’une habitation. En se basant sur les revenus et le patrimoine, seul 1,4% en effet des seniors belges sont "pauvres", contre 14,2% si on se base uniquement sur le revenu.
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Être propriétaire de son habitation permet vraisemblablement d’éviter de tomber dans la pauvreté pour nombre de pensionnés
et offre donc une certaine sécurité aux 65+. Ne pas payer de loyer lorsqu’on touche 1.400 euros net de pension par mois n’est pas un luxe:
"
L’immobilier est le quatrième pilier de pension des Belges", souligne Julien Manceaux, convaincu que "l’objectif d’être propriétaire à 65 ans reste rationnel à long terme".
"La durée d’engagement de paiement d’un
loyer est limitée à la durée de l’emprunt pour
le propriétaire, alors que le locataire devra
payer un loyer toute sa vie."
Conseiller en planification financière et gestion de patrimoine chez Optivy
"La durée d’engagement de paiement d’un loyer est limitée à la durée de l’emprunt pour le propriétaire, alors que le locataire devra payer un loyer toute sa vie", appuie Nicolas Cellières, conseiller en planification financière et gestion de patrimoine chez Optivy, qui ajoute:"Ça me paraît évident qu’il ne faut pas rester locataire toute sa vie." Et Corentin Minne de résumer: "Votre emprunt s’arrête un jour, votre loyer ne s’arrête jamais."
Le pensionné propriétaire a également la possibilité, s’il ne dispose pas de revenus suffisants, de vendre son bien en viager.
4. La constitution d’un patrimoine
Devenir propriétaire permet également de se constituer un patrimoine, puisqu’il s’agit
d’une forme d’épargne "forcée". Ce patrimoine représente un matelas de sécurité en cas de coup dur. "La propriété est une première grosse épargne, un peu contraignante, mais porteuse. C’est le premier pas vers la constitution d’un patrimoine", explique Nicolas Cellières, qui rappelle que rester locataire revient à "participer à la croissance du patrimoine du propriétaire".
- Article de l’Echo du 01 mars 2024 de Mathilde Ridole -